Je suis une légende. R. Matheson
Je suis une Légende, titre original "I am Legend" est un roman de science fiction (de réfrence) de 1954, écrit par Richard Matheson. J'ai déjà posté cet article chez la crevette zombie defunte, et comme c'est une de mes principale reference du genre, un livre qui m'a donné envie de lire, et comme je suis en plus dans mon cycle vampirique en ce moment (Necroscope, Vamphiry, de B.Lumley et Le cadavre rieur où les aventures d'Anita Blake de L.K.Hamilton que je conseil vivement au passage à Noaruje, Spatule et Nasku si vous ne connaisez pas), je me suis dis que ça commencerai bien la rubrique "bouquin".
Quelques mots sur Matheson:
Il est né en 1926, et a débuté une carrière de journaliste avant de se tourner vers l’écriture. Il a acquis sa renommée dans le monde de la science-fiction grâce à deux romans devenus des classiques du genre : "Je suis une légende" et "L’homme qui rétrécit".
Je suis une légende a même était adapté au cinéma en 1964 : Je suis une légende (film italien, 1963, titre original L'Ultimo Uomo Della Terra) avec Vincent Price. Et en 1971 : Le Survivant ou the Omega Man, avec Charlton Heston et Anthony Zerbe. Il a aussi rédigé, entre autres, des scénarios pour les séries de science-fiction "La Quatrième Dimension" et "Star Trek" ainsi que le scénario (adapté de l'une de ses nouvelles) de "Duel" , le film de télévision qui lança la carrière d'un illustre inconnu :Steven Spielberg.
L'action se situe dans un futur proche. Ce bouquin
que dis-je ce chef d’œuvre, raconte le destin tragique du dernier homme vivant,
seul être humain à ne pas avoir subi la dégénérescence (à son grand regret)
entrainée par une épidémie, enfin plutôt une pandémie, qui a transformé tous
les êtres humains infectés en vampires.
Robert Neville est le dernier
survivant d’une épidémie d'origine bactérienne qui cause, chez les victimes, un
état proche du vampirisme. Cette pandémie est d'origine obscure, apparemment
liée à des tempêtes de poussière qui soufflent régulièrement sur les villes
désertes de ce monde post-apocalyptique. Il va, seul, tenir tête durant des
mois à la population vampire : L’enfer sous ses fenêtres... Surtout que
parmi ces êtres de cauchemars se trouvent sa femme et des gens qu’il a connu,
avant qu’eux aussi ne succombent à la curieuse maladie qui les a laissés pour
mort avant de les voir se relever. Pire, certains gardent assez d’humanité pour
l’appeler par son nom.
On imagine sans peine la torture morale que cela peut-être pour notre héros d'être calfeutré chez lui, alors que ses voisins et ses anciens amis devenus depuis des êtres écervelés se réveillant la nuit, grattent à sa porte et ses murs et l'appellent pour qu'il les rejoigne. Il vit dans une maison barricadée, fortifiée contre les attaques nocturnes, ne sort que pendant la journée pour tuer dans leur sommeil quelques-uns de ces monstres d'un pieu en plein cœur et pour partir à la recherche de produits de première nécessité (bouffe, essence, whisky…) puis se retire chez lui à la tombée de la nuit pour survivre seul et noyer son angoisse dans l'alcool.
Heureusement (ou, vous le
comprendrez, malheureusement) pour lui, ces zombies buveurs de sang ne sont pas
très intelligents et un bon système de sécurité les arrête facilement. Robert
Neville se réveille chaque matin dans un climat d'horreur, étouffé par la
solitude et les remords, un cadavre de femme déchiqueté devant la porte.
Monotonie de l'horreur, Richard Matheson axe surtout son récit autour de cette
situation où chaque geste anodin est en fait le dernier soubresaut de
l'humanité pour se protéger de son autre dégénéré et où Robert Neville, dernier
homme sur terre, entre ivresse et folie, deviens peu à peu une légende de
l’humanité disparue.
Commentaires :
Si ce roman réactive le thème classique et écumé du vampirisme, c'est pour le traiter de manière originale à la manière des films de zombie, si on peut dire. On est loin, très loin, des Dracula et autres Lestat d'entretien avec un vampire. Les vampires auxquels l'auteur nous confronte dans son roman ont un double visage, celui, nocturne et destructeur, de la sauvagerie animale assoiffée de sang, et celui, diurne et plus étonnant, d'une alternative finalement viable à la société humaine devenue biologiquement inadaptée à son nouvel environnement contaminé par le basile du vampire.
Tandis que le dernier Homme lutte désespérément pour sauver les derniers vestiges de l'Humanité, les néo-vampires se regroupent en communauté, s'organisent pour finalement jeter les bases d'une nouvelle société promise au seul avenir possible sur cette Terre dépeuplée.
Dans ce livre les références au vampires ne se font pas sans humour, car le héros, confronté à ces êtres de triste réputation, n'a d'autre réflexe au début du roman que de chercher dans une bibliothèque abandonnée un exemplaire du "Dracula" de Bram Stoker pour y trouver les moyens de les combattre et de les tuer. Ainsi n'échappera-t-il pas aux chapelets d'ail, aux pieux en bois et aux croix chrétiennes répulsives. Puis, son évolution personnelle et sa meilleure compréhension de la situation le feront peu à peu sortir de cette pensée mythologique pour aborder le problème de manière plus scientifique, bactériologique, pratique, troquant ses condiments et ses pieux contre un microscope et des produits chimiques, expliquant finalement l'effet du pieu planté dans le cœur par des réactions chimiques dues à la bactérie inconnue.
Les vampires en feront d'ailleurs autant, orientant leurs recherches vers un moyen chimique de supporter au moins pendant un temps la lumière du jour. Et perso c'est ce que j'adore chez Matheson, son coté scientifique, il passe en revu les croyances mythologiques pour les démonter, mais utilise la science pour assoire la réalité du vampire. Dans le même style je suis entrain de lire une serie de bouquin de Brian Lumley "le necroscope" qui utilise un peu le même procédé, mais j'en reparlerai dans un prochain article, vous inquietez pas!
Robert Neville joue donc le rôle tragique du dernier obstacle à l'avènement de ce nouvel ordre social et biologique que représentent les vampires : il doit finalement être éliminé.
En tant que dernier Homme, condamné à mort par un tribunal vampire improvisé, il entrera ainsi dans la "Légende". Dans le monde des humains d'hier, les vampires n'étaient qu'une légende, dans le monde des vampires de demain, l'Homme, Robert Neville occupera l'imaginaire légendaire soudain devenu vacant.
Bref, pour ceux qui ne l’ont pas lu, et je dirais, même pour ceux qui n’aiment pas lire, il faut le lire d’urgence parce que, en plus d’être mortellement bien, il n’est vraiment pas long ( 200 pages), moi j’aurais bien aimé qu’il le soit un peu plus, mais toute choses et en particulier les meilleures ont une fin ! Alors je vous laisse découvrir le vain destin de Robert Neville, son désespoir, fait de rage et de larmes, de cris et de coups donnés dans les murs, chargé d’effluves fétides de sang, d’alcool, de sueurs glacées et poisseuses. Un roman cru, abrupt, dans une ambiance post-apocalyptique mortelle que l’on reçoit comme un coup de hache en pleine gueule, ou plutôt comme un pieu dans une carcasse décharnée !
"Quelle serait la réaction de vampires musulmans devant la croix ?", p. 77
"Le monde est absurde, pensa-t-il, les morts s'y promènent en liberté et je ne m'en étonne même plus...", p. 79
"Les sociétés naissantes sont toujours primitives.", p. 185
"A présent, c'est moi le monstre...", p. 190
"Robert Neville regardait le
peuple de